François Bizot

Publié le 24 Septembre 2013

Le Portail publié à la Table Ronde en 2000 et en Folio en 2013.

Suite des acquisitions à la librairie Ombres Blanches présente à Lagrasse (voir les articles précédents).

Vous avez lu ça ? Si non, faîtes-le cet automne.

C'est le récit de la captivité de l'auteur au Cambodge par les Khmers rouges pendant trois mois en 1971 ; puis de son rôle, en 1975 au moment de la chute de Phnom Penh, d'interprète du Comité de sécurité militaire de la ville auprès des Khmers rouges organisant l'approvisionnement en nourriture et documents administratifs de milliers de réfugiés sous l'autorité de la France dont un certain nombre fut renvoyé de cet asile vers les Khmers rouges...

Ce sont des époques déjà un peu oubliées - en tous cas par moi, j'avais 15 ans - et sur lesquelles nous avons peu d'ouvrages accessibles grand public et hors universitaires, me semble-t-il. Je n'ai jamais rien lu sur cette période ni sur cette région.

Pourquoi ce livre m'a-t-il attirée ? Probablement grâce, une fois de plus, à France Culture et une émission qui a dû me rester dans l'oreille.

C'est un récit qu'on ne lâche pas; on pourrait le lire comme un roman policier MAIS c'est "du réel".

Toutefois, le style enveloppant du récit m'a un peu dérangée; un problème sur la distance entre le bourreau et la victime; le bourreau étant tout de même le célèbre Douch, condamné pour crimes contre l'humanité; certes, la retranscription de ces longs dialogues sont "très éclairants sur le parcours idéologique du futur bourreau, qui n'était alors encore qu'un jeune fonctionnaire angoissé de bien remplir ses missions. Il raconte comment Douch aurait tout fait pour lui laisser la vie sauve, alors qu'aucun des autres détenus de ce camp n'aurait survécu."

J'ai pourtant lu les Récits de la Kolyma et Voyage au pays de Ze-ka et je n'y avais pas trouvé cette proximité. J'y avais trouvé de la distance dans le récit et de la tenue debout face au bourreau.

Mais j'utilise le terme de bourreau et ce n'est finalement pas juste : les détenus des camps russes étaient jugés avec une durée de peine à effectuer; ils avaient des gardiens et un objectif de date de sortie (certes, il y a beaucoup à dire là-dessus mais ce n'est pas le propos).

Ce n'était pas le paradis mais les récits des rapports étaient plus clairs et séparés, pas comme dans les relations du prisonnier Bizot face au gardien Douch. Être retenu en otage sans comprendre pourquoi ni avoir connaissance des enjeux politiques contemporains de l'enlèvement ajouté à l'isolement créent une position probablement très différente.

Mais je garde ce trouble qui me fait penser au fameux syndrome de Stockholm qui n'a été établi que plus tard avec Patricia Hearst (1978).

Je serai intéressée par vos relations sur cette lecture qui - sont-ce les années 2000 qui utilisaient encore des correcteurs - ne comporte aucune faute repérable sur ses 439 pages !

Merci aux éditions de la Table Ronde.

Rédigé par Sophie Curmi

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article